Est-ce vraiment le lieu pour le dire [tant pis !] mais la santé est le plus fréquenté cimetière à bonnes résolutions de nos sociétés humaines depuis des millénaires. Quoi de plus étrange puisqu’il s’agit avant tout de prendre soin de soi ? Nos bonnes résolutions sont en effet principalement égoïstes. Entre le désir de se maintenir en forme et celui, par exemple, d’être un peu plus sympa avec sa belle-mère, la hiérarchie des priorités est vite établie. Ne concernant que nous, nos auto-engagements ne dépendent aussi que de nous. C’est le souci car, hélas, il ne suffit pas de vouloir pour pouvoir, même si le passage par l’étape volonté est une condition sine qua non de réussite.

Reprenons : j’ai donc  - sans remords pour ma belle-mère - décidé de me faire du bien et je vérifie rapidement que cela exige un effort, nécessite des contraintes, oblige à une concentration totalement hors de proportion avec l’enjeu que je m’étais fixé. Au lieu d’être plus heureuse ou heureux, je suis deux fois plus perturbé(e) qu’avant. Fin de l’expérience et rendez-vous au prochain réveillon, à la prochaine décennie ou au troisième millénaire.

Faire ce dont on a vraiment envie

On vient de toucher du doigt le grand drame de la prévention. Un peu d’information suffit à éveiller les consciences et une bonne dose de conviction à emporter la décision. Mais le plus compliqué est encore à faire : il faut passer à l’acte et – surtout, surtout – persévérer.

« C’est très facile d’arrêter de fumer, disait Oscar Wilde, moi j’arrête 20 fois par jour ». Mort à 46 ans, ce génial auteur   - pourtant fils de médecin - aura sans doute un peu trop différé la date de sa décision mais il ya gros à parier que ses hypothétiques vraies tentatives d’arrêt définitif se seraient soldées par des échecs.

Les grands manitous de la prévention le savent depuis longtemps maintenant : en matière de santé particulièrement, il ne suffit pas de vouloir modifier ses comportements pour y parvenir. D’abord parce qu’il faut être capable de le faire. Physiquement et mentalement, mais aussi parce que l’envie est en l’occurrence un moteur bien plus puissant que la volonté.

Parler de « bonne résolution », c’est déjà user d’un peu de condescendance, suggérer que l’objectif est vain et l’effort à fournir finalement guère digne d’intérêt. Débarrassée de son adjectif gentillet, la résolution exprime soudain tout son sens, celui de prendre, après réflexion, une décision, d’affirmer une détermination.

Combien de régimes amaigrissants se croira-t-on encore obligé de subir, saison après saison, parce qu’on n’a pas pu trouver ce fameux « équilibre alimentaire » cet espèce de Graal nutritionnel à la quête duquel on se lance chaque année ? Combien de salles de gymnastique ressembleront encore cette année à des amphis de fac de droit, désertés trois mois après l’enthousiasme de la rentrée ? Comme d’habitude : beaucoup, beaucoup trop.

Cultivons donc notre envie, elle est le plus sûr atout de la réussite. La raison ne serait alors que le signe triste du renoncement ? N’exagérons rien mais, il est vrai qu’à la rédaction de BIEN SÛR Santé, on préfère avoir envie que de se faire une raison.

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