Petites pilules, jolies gélules

Les petites pilules, les jolies gélules, ne sont ni anodines ni miraculeuses. Mal utilisées, elles sont, au pire dangereuses (8,5% des conducteurs dont la responsabilité est impliqués dans un accident corporel seraient positifs aux benzodiazépines) et au mieux… inefficaces. Un somnifère produit ainsi un effet démontré la première semaine, mais se placera à égalité avec un placebo (sans substance active) la deuxième semaine. Et en cas d’accoutumance au somnifère (moins de 10 jours suffisent souvent pour les benzodiazépines), c’est la sensation de manque qui empêchera de dormir !

Est-ce vraiment une totale bonne nouvelle ? En tout cas, nous disposons aujourd’hui d’un traitement pharmacologique pour des troubles qui puisent leur origine dans un dysfonctionnement social : solitude, tensions familiales et professionnelles, difficultés relationnelles, etc.

Le médicament permet de désamorcer les situations de crise. C’est déjà énorme ! Au-delà, l’amélioration de la qualité de vie ne passe pas – ou pas seulement – par des substances vendues sur ordonnance. Un constat qui ne doit pas être une cause d’angoisse et d’insomnies supplémentaires !

Sur le podium de la conso

Les médicaments aussi ont leur classement. Récemment désigné par l’Assurance Maladie, voici le dernier podium en date :

  • Les antalgiques (anti-douleur) sont toujours la famille la plus prescrite, avec 340 millions de boîtes par an. En 12 mois,  leur progression a même été particulièrement forte (+9,2%).
  • Les hypnotiques et anxiolytiques, dont les prescriptions inappropriées sont souvent dans le collimateur, enregistrent pour leur part un net ralentissement (-0,4%, 122 millions de boîtes remboursées).
  • Les antibiotiques, en troisième position avec 90 millions de boîtes, poursuivent une baisse entamée en 2002, grâce à l’implication des médecins et une forte sensibilisation de leurs patients.

Du Prozac à 8 ans !

L'Agence européenne des médicaments (EMEA) s'est déclarée favorable à l'utilisation du plus médiatisé des antidépresseurs, le célébrissime Prozac, chez les enfants âgés de… 8 ans.

Décision d’autant plus curieuse et inquiétante que, quelque temps auparavant, l'EMEA avait rappelé au contraire que ces médicaments sont déconseillés pour les moins de 18 ans et qu'ils ne doivent être qu'"exceptionnellement prescrits".

Elle recommande toutefois aux prescripteurs et aux parents de "surveiller étroitement" les enfants et adolescents traités, afin de "rechercher tout comportement suicidaire", particulièrement au début du traitement.

C’est effectivement le moins qu’on puisse faire…

/>