Cococorico fumant

S’il faut reconnaître un mérite aux autorités de santé publique françaises, c’est sans doute de ne pas avoir cédé comme les USA l’ont fait à la chasse hystérique aux fumeurs.

Là bas, c’est le comportement que l’on stigmatise. Ici, c’est l’effet de ce comportement sur les autres que l’on combat.

Un petit cocorico ne fait pas de mal, car, au-delà d’un choix d’efficacité stratégique, il s’agit bien d’un choix de prise de conscience, de responsabilité qui a été opéré et évite aujourd’hui de vivre une situation d’affrontement entre fumeurs et non-fumeurs. Près des deux-tiers des fumeurs déclarent vouloir s’arrêter (la quasi-totalité des non-fumeurs sont d’ailleurs prêts à les y encourager !) et le pourcentage d’accros hexagonaux à la cigarette est aujourd’hui descendu au-dessous de 30%. La norme a changé de camp. Dans les années soixante-dix, elle était du côté des fumeurs. En ce début de XXIe siècle, elle est résolument passée dans celui des non-fumeurs. Les quelques illuminés qui prédisaient il y a quelques années la fin prochaine du tabac de masse n’annonçaient pas l’apocalypse…

J’arrête quand je veux ou quand je peux ?

Demandez à un fumeur dans quelles circonstances il allume volontiers une cigarette et faites-lui les propositions suivantes. Jamais sans doute on ne vous aura aussi peu répondu non…. Fumez-vous lorsque vous êtes seul ?  Lorsque vous êtes entre amis ? Lorsque vous êtes stressé ? Lorsque vous êtes détendu ?

En réalité, tous les fumeurs cumulent toutes les raisons de fumer. Et, toutes ces raisons sont de vraies raisons car chacune d’entre elles va engendrer une réponse que le cerveau du fumeur accro va interpréter comme une satisfaction à sa demande. Si je suis seul et que je m’ennuie, au minimum fumer me fournit une occupation, va me stimuler. Si je passe une bonne soirée entre amis, le tabac soulignera la convivialité de l’instant. Si je suis stressé, j’aurai l’impression que la cigarette m’aide à décompresser, etc. Chaque fois, il s’agit d’un leurre, chaque fois, je serai pourtant piégé.

C’est cette dépendance psychologique, plus forte encore que la dépendance au produit lui-même, qui rend parfois si délicate les tentatives d’arrêt. L’arsenal thérapeutique mis aujourd’hui à notre disposition est impressionnant et les médecins qui avaient été si discrets des années durant, sont désormais résolument engagés dans l’éradication du tabagisme.

Médecin – patient, le calumet de la paix

Tout le monde – ou presque – a compris qu’arrêter de fumer était une décision importante, entraînant parfois un changement profond de mode de vie. Un « vrai » fumeur est un individu dont chaque instant de l’existence est rythmé, souligné, accompagné par la cigarette. Accro à la nicotine, il l’est aussi au geste, au symbole que lui apporte la cigarette et qu’il serait ridicule de nier ou de minimiser.

S’engager dans une démarche d’arrêt du tabac avec son médecin permet d’abord de prendre en compte le plus possible de paramètres physiques et psychologiques pour se donner plus de chances de réussite (très peu de fumeurs sortent vainqueurs d’un combat solitaire). Cette collaboration médecin – patient facilite ainsi le choix d’une méthode thérapeutique et des outils qui viendront la servir. N’oublions pas qu’elle conditionne le remboursement de 50€ par la Sécurité sociale. Et il ne faut négliger aucune piste de motivation !

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