Les soupçons remplacent-ils les preuves ? Non, bien entendu. Mais, après tout, le fameux « principe de précaution » a été mis en place pour permettre d’agir préventivement au moment où cela est possible. Ce principe est d’ailleurs désormais inscrit dans la constitution mais on pourrait parfois avantageusement lui substituer un « principe de bon sens ». Celui-ci n’est sans soute pas constitutionnel mais, par définition, relève d’avantage de la raison que de la peur. Ainsi, s’il est avéré que l’usage prolongé d’un portable produit des effets – thermiques ou autres – sur un cerveau adulte, il est concevable que le même usage produira des effets plus violents et peut-être plus durables sur un cerveau encore en construction. Comment expliquer sinon à une femme enceinte que l’absorption d’un seul verre d’alcool pendant sa grossesse peut suffire à handicaper gravement son futur bébé et prétendre que les ondes électromagnétiques dont on soupçonne le danger chez les adultes pourraient par miracle s’avérer sans conséquences sur leurs enfants ?

Il est interdit d’interdire de téléphoner

Selon le dernier recensement de l’INSEE, la France compte un peu plus de 63 millions de Français, dont 53 millions d’utilisateurs de portables, soit un taux d’équipement de 84% incluant d’évidence bon nombre d’adolescents. La généralisation de l’usage est telle qu’il est évidemment hors de question d’envisager, ne serait-ce qu’une seconde, l’interdiction des mobiles par les enfants. Des associations de défense en ont fait la demande et seront sans doute déboutées. Certains le déploreront, au nom même de la logique (« comment s’inquiéter en tant que mère et ne pas interdire en tant que ministre ? »). D’autres, plus nombreux sans doute, s’en réjouiront au nom de la raison (aux parents d’estimer les risques potentiels, s’ils en ont été avertis).

Pour renforcer les arguments des adversaires de la politique de prohibition mais prêcher pour l’abstinence du mobile en bas âge, la plupart des psychologues remarquent qu’équiper son enfant d’un portable, c’est céder au souci inconscient des adultes de conserver en permanence le contrôle de leur progéniture sans se rassurer pour autant (si mon enfant ne m’appelle pas, c’est qu’il lui est arrivé quelque chose, si j’oublie de l’appeler, c’est que j’ai manqué à mon devoir…). Et, du côté des enfants, avoir en permanence ce fil radiofréquencé à la patte, c’est ne jamais pouvoir gagner en autonomie et garder sans cesse à l’esprit le sentiment culpabilisant que leurs parents s’inquiètent à cause d’eux.

Reste que l’on attend avec impatience la synthèse – arlésienne de l’Organisation Mondiale de la Santé sur les effets du téléphone mobile pour, enfin, forger notre opinion et savoir si la célèbre antienne du « T’es où là ? » peut s’avérer mortelle. On s’appelle et on se raconte.

Ondes et on-dit

N’importe quelle installation électrique en fonctionnement crée, dans son voisinage, un champ électromagnétique. Résultat, le moindre des aspirateurs ou la plus modeste cafetière émettent des ondes électromagnétiques. Celles-ci se caractérisent par deux grandeurs (fréquence et amplitude) et leur puissance (exprimée en Watt) dépend des deux à la fois. Si l’on compare les fours à micro-ondes aux téléphones portables, qui émettent à peu près à la même fréquence, la puissance mise en jeu est d’environ 1 000 W pour les fours, alors que celle des portables est d’environ 0,25W. C’est pourquoi vous risquez de vous griller les neurones à téléphoner pendant une heure à votre chéri d’amour, sans pour autant lui préparer un poulet cuit au portable. Dommage !

Le beau débit du DAS

Le Débit d’Absorption Spécifique mesure le niveau de radiofréquence émis par le portable vers l’usager lorsqu’il fonctionne à pleine puissance et dans les pires conditions d’utilisation. Le DAS se mesure en Watts par Kilogrammes de tissus (W/Kg). Plus l’indice DAS est bas, moins l’usage du portable est censé présenter de danger : un élément de comparaison sacrément important lors du choix d’un appareil.