La réponse n’est pas évidente car la très grande majorité des joueurs pathologiques souffre de troubles associés. Il est donc possible que ces troubles, y compris la présence d’addictions au tabac et à l’alcool, rendent vulnérable le sujet, le jeu pathologique n’étant alors qu’une des expressions et non pas l’origine du phénomène addictif.

Certains joueurs n’ayant aucun autre trouble associé, il n’est toutefois pas exclu que le simple fait de s’adonner au jeu puisse, comme le ferait une drogue, entraîner de telles modifications du fonctionnement du système nerveux central. Chez certaines personnes, le stress et l’angoisse engendrés par le jeu pourraient reproduire, en l’absence de produit, des activations neuronales analogues à celles obtenues avec des substances addictives.

Sur le Net, tout va vite

La véritable explosion que connaissent aujourd’hui les sites de jeu sur Internet montre bien que l’illusion de la virtualité dégagée par le web est un générateur puissant de dépendance. Disponibles en permanence, accessibles en quelques clics, simples d’utilisation…les quelques études menées sur les jeux de hasard et d’argent sur Internet rapportent que l’anonymat, l’accessibilité, la désinhibition et le confort sont susceptibles de favoriser les pratiques d’abus.

Un faible support social et un bas niveau socio-économique se trouvent corrélés avec la prévalence du jeu pathologique et du jeu problématique. D’après les études menées sur des joueurs pathologiques consultant des structures de soin spécialisées, la précocité du contact avec le jeu semble un facteur de gravité, comme pour les addictions à des substances psychoactives. Les personnes âgées semblent les plus vulnérables face aux loteries et machines à sous.

Ces facteurs de risque et de vulnérabilité apparaissent similaires à ceux relevés pour l’ensemble des conduites addictives.

Alors, fallait-il vraiment libérer les jeux d’argent sur Internet dans notre pays qui croyait, à tort en être préservé ? Devions-nous au contraire nous aligner sur nos voisins et, en organisant les règles du jeu, limiter les risques d’abus liés à l’illégalité ?

La France ne risque sans doute pas davantage que les autres pays de sombrer dans l’addiction au jeu. Elle ouvre pourtant une brèche dans le système de prévention qu’elle avait mis en place avec une efficacité certaine durant des années. Petit à petit, Internet dicte ses propres règles. Opportunité d’évolution ou entaille à notre spécificité ? Un sacré pari en tout cas.

Les jeux sont faits

Française des Jeux (FDJ) 28,5 millions de joueurs, 2,82 euros de mise moyenne par semaine, 9,2 milliards de chiffre d'affaires (CA 2008).

Pari Mutuel Urbain (PMU) 6,5 millions de joueurs, 11 euros de mise moyenne, 9,3 milliards de CA

Casinos 197 établissements, 2,5 milliards de CA

Internet 3 millions de joueurs, 2,5 milliards de CA

Selon une enquête de l'AFP, les dépenses quotidiennes des Français dans les jeux d'argent sont passées en sept ans de 47,5 à 59,1 millions d'euros, malgré la crise économique. Où grâce à elle ?

/>