Séparer le bon gras de l’ivraie ?

Les inconditionnels du poids de forme ne l’ont pas vue venir… Au milieu d’un unanimisme touchant,  pourfendeur de mauvaise graisse, une étude réalisée par deux chercheurs américains vient de remettre en cause bien des certitudes, au risque d’ailleurs de générer quelques effets pervers au pays des populations « over sized », voire au-delà.

Les Dr Rogers Unger et Philipp E. Scherer, tous deux exerçant à l’Université de Dallas (Texas), ont en effet publié les résultats de leurs hérétiques travaux dans la livraison du mois de mars de « Trends in Endocrinology and Metabolism ».

Pourquoi hérétiques ? Parce que ces deux scientifiques reconnus y développent la thèse que la surcharge pondérale, loin d’avoir les effets néfastes que le monde entier lui attribuait jusque là… pourrait au contraire s’avérer positive, qu’elle aurait même durablement des effets protecteurs pour l’organisme !

Explication : les lipides, molécules indispensables à la vie, deviennent hautement toxiques si elles sont ingérées en trop grandes quantités. En réaction, l'organisme développerait alors une stratégie de défense en dérivant ces molécules vers un tissu adipeux en construction, protégeant ainsi le reste du corps. La prise de poids et ses conséquences négatives ne sont pas mises en doute, mais cette prise de poids constituerait, pendant plusieurs années, un mécanisme protecteur. CQFD…

Obésité : symptôme ou syndrome ?

Evidemment, les travaux de nos deux scientifiques texans sèment un peu la panique chez tous ceux qui mesurent chaque jour les dégâts liés à une alimentation déséquilibrée et à son corolaire, la prise de poids. A juste titre d’ailleurs car l’étude ne conclut évidemment pas à recommander l’obésité comme gage de bonne santé ! De façon sensée, elle invite à faire la part entre un symptôme visible (surpoids ou obésité)  et une cause du syndrome métabolique, prédisposant au diabète de type 2 et à une kyrielle de maladies cardiovasculaires.

Il n’en reste pas moins que, premiers symptômes ou causes majeures, le surpoids et l’obésité demeurent largement impliqués dans la progression inquiétante de la morbidité associée au déséquilibre alimentaire.

Aux USA, où officient les auteurs de l’étude évoquée, les 2/3 des adultes sont aujourd’hui en surpoids ! Chez nous, où l’on vante volontiers le « french paradox », la proportion de personnes obèses est passée de 5,5% en 1992 à 12,4% en 2006 et 14,5% l’an dernier…

En admettant que le surpoids puisse protéger plusieurs années de l’apparition du fameux syndrome métabolique, cette protection n’est que provisoire et l’on peut affirmer, sans agressivité aucune envers le Texas et ses chercheurs les plus méritants, qu’en prévenant les causes de la malbouffe, on évitera d’autant mieux l’apparition de ses premiers symptômes… fussent-ils – un temps – protecteurs.

On évitera peut-être aussi chaque année de partir à la recherche du régime miraculeux venant à bout sans effort de nos petits kilos excédentaires.

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