Des enjeux sanitaires et budgétaires

Les chiffres n’ont pas exactement la même signification selon que l’on parle en millions de malades… ou en millions d’euros. Les Pouvoirs publics étant amenés à opérer des rapprochements nous en abreuvent chaque jour et le phénomène va crescendo à mesure que les budgets nationaux sont votés puis exécutés.

Le déficit de la Sécurité sociale battant des records de plongée en apnée, toute décision concernant notre santé individuelle passe obligatoirement par un parallèle avec ce qu’elle coûte à la collectivité.

La prévention primaire, avec ses petits conseils d’hygiène de vie, ne pèse pas lourd dans la balance budgétaire. Difficilement évaluable (comment savoir ce qu’une campagne telle que « Mangez 5 fruits et légumes par jour » a fait réaliser d’économies à l’Assurance Maladie ?), elle restera sans doute encore longtemps le parent pauvre en termes de sommes investies et la vedette médiatique en termes de messages assénés à longueur de spots publicitaires. Toutes proportions gardées, on investit peu parce qu’on en attend peu.

La prévention secondaire, avec les campagnes de dépistage systématique devrait dans l’avenir être mieux traitée. On peut en prévoir et en chiffrer l’impact (combien de personnes dépistées, combien de pathologies repérées, combien de malades traités, combien de malades guéris). La véritable difficulté est de lutter contre une banalisation par la systématisation (dépistage du cancer du sein, de la prostate, du colon, du VIH…) qui entrainerait les taux de participation à des niveaux proches de certaines consultations électorales…

Prévention tertiaire, chouchou des années 2010

Même avec une hygiène de vie irréprochable, des dépistages à la précocité exemplaire, il arrive que l’on tombe malade ; et parfois gravement.

L’arsenal thérapeutique à notre disposition ne cesse de se renforcer mais le nombre de malades chroniques augmente proportionnellement à leur espérance de vie. Bonne nouvelle, incontestablement, mais qui nécessite que ces malades apprennent à vivre – voire à domestiquer – leur maladie, à en connaître les signes d’alerte, les gestes à effectuer. Sans devenir des « experts » de leur pathologie, les malades chroniques et en ALD peuvent s’avérer être d’excellents auxiliaires de santé et participer pleinement au protocole de soin mis en place pour eux, avec eux.

« L'éducation thérapeutique du patient » (ETP)  est désormais une approche reconnue et codifiée. Elle concerne évidemment au premier chef le patient lui-même, mais également son entourage (les parents d'enfants porteurs d'affection chronique, les proches…). Tous, comprenant mieux la maladie, coopèrent avec les soignants et la qualité de vie s'en trouve souvent améliorée.

Maladie : vivre avec mais aussi la contenir

Le malade acquiert et maintient les ressources nécessaires pour organiser au mieux sa vie avec la maladie. L’éducation thérapeutique du patient vise donc  à rendre celui-ci plus autonome par l’appropriation de nouveaux savoirs.

Progressivement, il prend en charge son changement de comportement, non seulement à l’occasion d’événements particuliers (initiation du traitement, modification du traitement, incidents intercurrents), mais aussi, plus généralement, tout au long du projet de soins, de façon à ce qu'il puisse disposer d’une qualité de vie acceptable pour lui. Le patient devient le premier acteur de ses soins.

Cependant, l’ETP ne vise pas seulement à aider les patients à mieux vivre avec leur maladie. Elle cherche également à limiter sa progression et éviter la survenue de complications en responsabilisant le patient grâce à des compétences acquises dans un véritable "programme" d’éducation thérapeutique.

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