Ado : l’être mutant du XXIe siècle

L’adolescence, ce n’est ni simple à définir, ni simple à étudier (et, paraît-il, parfois pas simple non plus à vivre). Si l’on compte sur le Petit Larousse pour nous aider à savoir de quoi il s’agit, c’est un moment de solitude qui nous attend : « Période de la vie entre la puberté et l’âge adulte ». On sent que les académiciens ont un peu perdu de vue ce petit fragment de leur éternité…

En réalité, le concept même d’adolescence est une réalité relativement récente. Nos glorieux anciens devaient sans doute passer de l’enfance à la maturité sans période intermédiaire car on n’en entend pas parler avant la fin du XIXe siècle (et encore, dans des termes qui feraient cette fois passer nos pauvres académiciens pour des aventuriers de la sémantique).

Aujourd’hui, si les définitions ne manquent pas, elles se rejoignent toutes sur un point : l’adolescence est une période de transition. L’enfance – qu’on la quitte avec hâte ou nostalgie – et l’âge adulte – qu’on le rejoigne avec impatience ou anxiété – se bousculent au portillon de la vie et créent un certain désordre, communément appelé « crise de l’adolescence ».

Ce désordre, cette crise, ne sont pas seulement le fruit d’une noble maturation intellectuelle. Elles sont aussi – peut-être surtout – le fruit d’une transformation physiologique, une sorte de mutation qui expulse l’ado de son enveloppe d’enfant, le soumet à des poussées hormonales soudaines, lui inflige un rythme de croissance spectaculaire.

Qui suis-je, où vais-je et ma tête où la fourre-je ?

Quasiment du jour au lendemain, on ne se ressemble plus et l’image que renvoie le miroir n’est pas forcément celle que l’on rêvait, qu’on soit fille, garçon, ou encore incertain.

Trop gros, trop maigre, trop grand, trop petit : trop moche… C’est là que les ennuis commencent réellement et que la vraie vie s’éloigne des statistiques. Comment (m’) expliquer que j’aime mes parents et que je ne peux pas les supporter ? Comment concilier mon exigence de me faire remarquer par la terre entière et mon besoin de disparaître dans une tribu ? Comment, pourquoi, qui, quoi ? Que des questions et pas ou peu de réponses…

Les ados vont bien : la preuve, ils ne sont pas malades et meurent peu. L’énoncé même de ce constat suffit à démontrer sa stupidité. Fort heureusement, il y a belle lurette que les pouvoirs publics, les institutions sociales et les éducateurs de tout acabit ont compris qu’il y aurait danger à se satisfaire d’une situation pas si rose que cela.

L’an dernier, Roselyne Bachelot a officiellement mis en œuvre un Plan Santé des Jeunes, destiné notamment à répondre au développement des comportements à risque chez les 15 – 25 ans et à lutter contre la diffusion d’habitudes alimentaires déséquilibrées. Si ce plan permet la mise en œuvre d’actions nouvelles et facilite parfois leur prise en charge par l’Etat, il met d’abord en évidence l’énorme travail fourni par les mouvements associatifs et sociaux sans lesquels la promotion de la santé « de terrain » demeurerait au stade de simple vœu pieux…

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