Ce désordre, cette crise, ne sont pas seulement le fruit d’une noble maturation intellectuelle. Elles sont aussi – peut-être surtout – le fruit d’une transformation physiologique, une sorte de mutation qui expulse l’ado de son enveloppe d’enfant, le soumet à des poussées hormonales soudaines, lui inflige un rythme de croissance spectaculaire.

Qui suis-je, où vais-je et ma tête où la fourre-je ?

Quasiment du jour au lendemain, on ne se ressemble plus et l’image que renvoie le miroir n’est pas forcément celle que l’on rêvait, qu’on soit fille, garçon, ou encore incertain.

Trop gros, trop maigre, trop grand, trop petit : trop moche… C’est là que les ennuis commencent réellement et que la vraie vie s’éloigne des statistiques. Comment (m’) expliquer que j’aime mes parents et que je ne peux pas les supporter ? Comment concilier mon exigence de me faire remarquer par la terre entière et mon besoin de disparaître dans une tribu ? Comment, pourquoi, qui, quoi ? Que des questions et pas ou peu de réponses…

Les ados vont bien : la preuve, ils ne sont pas malades et meurent peu. L’énoncé même de ce constat suffit à démontrer sa stupidité. Fort heureusement, il y a belle lurette que les pouvoirs publics, les institutions sociales et les éducateurs de tout acabit ont compris qu’il y aurait danger à se satisfaire d’une situation pas si rose que cela.

L’an dernier, Roselyne Bachelot a officiellement mis en œuvre un Plan Santé des Jeunes, destiné notamment à répondre au développement des comportements à risque chez les 15 – 25 ans et à lutter contre la diffusion d’habitudes alimentaires déséquilibrées. Si ce plan permet la mise en œuvre d’actions nouvelles et facilite parfois leur prise en charge par l’Etat, il met d’abord en évidence l’énorme travail fourni par les mouvements associatifs et sociaux sans lesquels la promotion de la santé « de terrain » demeurerait au stade de simple vœu pieux…

Quand ils vont mal, ils vont très mal…

Parmi les organisations qui n’ont pas attendu de blanc seing ministériel pour agir, la Fondation de France fait figure à la fois de précurseur et de locomotive. Depuis 1995, la « Fondation des fondations » met en œuvre son propre programme Santé des jeunes  et a déjà soutenu quelque 1620 projets dans ce cadre ! Pour la seule année 2009, c’est un budget de près d’1,5 million d’euros qui sera consacré au financement d’initiatives retenues sur dossier et répondant à un cahier des charges précis.

Geneviève Noël, responsable du Programme à la Fondation de France, l’affirme haut et clair : l’effort à poursuivre dans ce domaine ne doit pas se relâcher. Pour elle, la période de l’adolescence est plus que jamais une période à haut risque. « Cela n’a aucun sens d’affirmer que la majorité des jeunes se portent bien. Ceux qui vont mal ont davantage de difficultés à remonter la pente et un ado qui va mal court souvent un vrai danger ».

Ce danger peut être immédiatement vital. Ainsi, le suicide est la deuxième cause de mortalité des moins de 25 ans, derrière les accidents de la circulation (eux-mêmes fréquemment consécutifs à une prise de risque…). Ceux qui réchappent de leur geste sont souvent récidivistes et il est nécessaire d’organiser plus efficacement la prise en charge des jeunes pour leur venir en aide.

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