Il faut dire que les signes, les symboles, les rites qui entouraient la mort dans l’Egypte antique étaient bien compliqués. C’est finalement grâce à la bonne vieille méthode du puzzle (une molaire s’adaptant à sa mâchoire, retrouvée dans une urne funéraire) mais aussi à celle, nettement plus en pointe, du test ADN que la reine Hatchepsout semble avoir définitivement quitté son statut de soldat-momie inconnu pour rejoindre celui, plus enviable, de légende incarnée.

Si la momification était, bien sûr, l’ultime apparat,  tous les Egyptiens de l’antiquité – hommes, femmes et enfants, se maquillaient pour être beaux et se soigner.

Dans le domaine de l’innovation, les chimistes de l’époque des Pharaons n’avaient pas grand-chose à envier aux architectes des pyramides. Ils semblaient parfaitement maîtriser le secret des produits de synthèse, très, très, mais vraiment très proches de ceux d’aujourd’hui. Une proximité si troublante d’ailleurs que le Laboratoire des Musées de France s’est associé un temps à une célèbre marque de cosmétiques pour mettre en lumière certaines coutumes et préparations de maquillage en vigueur dans l’Egypte ancienne...

Du plomb, du savon, des médications 

Pendant près de trois ans, cinquante flacons de fards à paupières, en pierre dure, céramique, roseau ou bois ont ainsi été au cœur de recherches particulièrement pointues, faisant appel notamment au Synchrotron de Grenoble pour étudier la structure de la matière ! Les trois-quarts des échantillons observés contenaient des résidus à base de plomb, dont les composés n’existent pas à l’état naturel. Conclusion : les Egyptiens savaient synthétiser ces produits et maîtrisaient d’ailleurs bien d’autres techniques, dont celle de la saponification (transformation en savon des matières grasses).

Mais les analyses effectuées par nos chercheurs n’ont pas livré que des secrets de maquillage. Elles ont également révélé la présence dans les fards de fines poudres blanches (laurionite et phosgénite), ajoutées pour leurs vertus thérapeutiques.

Elles servaient alors en particulier à soigner les maladies des yeux et de la peau et à laver les cheveux. Des papyrus médicaux et des inscriptions figurant encore sur certains flacons sont d’ailleurs de véritables notices d’utilisation, avec précautions d’emploi et posologie.

Différentes quantités de matière grasse étaient ajoutées aux poudres pour leur conférer des textures variables qui trouvent leurs équivalents dans les poudres libres, les fards à paupières et les crayons khôl d'aujourd'hui. Les hommes et les femmes ont donc élaboré, depuis la plus haute antiquité, des préparations variées pour s'embellir mais aussi se protéger de leur environnement.

Les connaissances médicales des experts de l’Egypte antique n’auront pourtant pas suffi à sauver Hatchepsout et ce sont les scientifiques du 21ème siècle qui ont établi ce tardif diagnostic : la Pharaonne serait morte à cinquante ans d’un cancer des os...

Fashion victims de l’Egypte ancienne

Contrairement à une idée largement répandue, les Egyptiens ne se maquillaient pas avec des couleurs vives, mais en vert, en noir et en gris. Au fil des siècles, les modes changeaient pourtant. Ainsi, dans l’Ancien Empire (2 600 à 2 200 avant JC), les yeux étaient ornés d’un épais trait vert ou d’un trait noir allongé vers la tempe.

A l’époque de Toutankhamon, Ramsès et de notre amie la Reine Hatchepsout, ce qui était fashion, c’était un trait fin autour de l’œil, prolongé par un large bandeau parallèle à la ligne des sourcils...

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