Quand ils vont mal, ils vont très mal…

Parmi les organisations qui n’ont pas attendu de blanc seing ministériel pour agir, la Fondation de France fait figure à la fois de précurseur et de locomotive. Depuis 1995, la « Fondation des fondations » met en œuvre son propre programme Santé des jeunes  et a déjà soutenu quelque 1620 projets dans ce cadre ! Pour la seule année 2009, c’est un budget de près d’1,5 million d’euros qui sera consacré au financement d’initiatives retenues sur dossier et répondant à un cahier des charges précis.

Geneviève Noël, responsable du Programme à la Fondation de France, l’affirme haut et clair : l’effort à poursuivre dans ce domaine ne doit pas se relâcher. Pour elle, la période de l’adolescence est plus que jamais une période à haut risque. « Cela n’a aucun sens d’affirmer que la majorité des jeunes se portent bien. Ceux qui vont mal ont davantage de difficultés à remonter la pente et un ado qui va mal court souvent un vrai danger ».

Ce danger peut être immédiatement vital. Ainsi, le suicide est la deuxième cause de mortalité des moins de 25 ans, derrière les accidents de la circulation (eux-mêmes fréquemment consécutifs à une prise de risque…). Ceux qui réchappent de leur geste sont souvent récidivistes et il est nécessaire d’organiser plus efficacement la prise en charge des jeunes pour leur venir en aide.

Tu t’es vu quand t’as bu ?

Comme le souligne encore Geneviève Noël, « Mettre sa vie en danger  peut revêtir bien des formes, plus ou moins conscientes ». Parmi les conduites à risque les plus courantes chez les ados, on trouve bien entendu la consommation excessive d’alcool (13% des jeunes boivent de l’alcool au moins 10 fois par mois) et le désormais tristement célèbre « binge drinking » consistant à boire jusqu’à la défonce, à l’inconscience mais aussi hélas jusqu’au coma éthylique.

Le célèbre slogan des années quatre-vingt-dix, « Tu t’es vu quand t’as bu ? » semble aujourd’hui un peu dépassé et ce qui était alors un avatar de consommation excessive, un reproche qu’on pouvait se faire à soi-même et à sa gueule de bois, est aujourd’hui une recherche systématique. Se « mettre minable », expression désormais consacrée, est presque devenu un sujet de fierté. Compliqué…

L’alcool a, du moins chez les ados, un peu dévié de son statut de « drogue sociale ». S’il est plus que jamais d’abord consommé en groupe, son objectif semble maintenant de s’isoler du monde et des autres le plus rapidement possible…

LA drogue sociale, en ce début de XXIe siècle, est  incontestablement le cannabis, expérimenté par plus de la moitié des jeunes de 18 ans, 1 sur 3 parmi ceux âgés de 15 à 19 ans. Tous ne sont évidemment pas des consommateurs réguliers (ne confondons pas expérimentation et consommation) mais le phénomène de multi-toxicomanie  (alcool + cannabis + éventuellement autres substances) semble quand même se développer depuis quelques années, au rythme de la banalisation de « la fumette », du coup nettement moins sympathique.

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