On se trompe, on se met le doigt dans l’œil : moins connue et surtout moins bien comprise que la vision consciente, la « photoréception non-visuelle » contrôle diverses fonctions comme le cycle veille – sommeil ou la synchronisation par la lumière de l’horloge biologique. Des études aujourd’hui très abouties, menées notamment par les chercheurs de l’Unité INSERM 846 à Lyon, ont récemment observé que notre environnement lumineux, qui change de l’aube jusqu’au crépuscule, génère un signal différent selon l’intensité et la couleur du spectre de la lumière. Ce signal est envoyé sans que nous en ayons conscience à notre horloge biologique et démontre que cette « perception non visuelle » s’adapte en permanence, de la même façon que notre vision perçoit les couleurs multiples d’un arc en ciel. On y voit plus clair ?

Touché, coulé

Imaginez une seconde que vous soyez, au sens propre du terme, insensible. Rien, aucune sensation : ni tactile (pas de reconnaissance des textures), ni thermique (c’est chaud, c’est froid ?), ni émotionnelle (ça fait du mal ou ça fait du bien...). La vie ne serait pas compliquée, elle serait tout bonnement impossible. Privé de système d’alarme, vous seriez en situation de danger permanent. On ne donnerait pas cher de votre peau...

Ce sens vital ne fonctionne que grâce à une série de capteurs logés sous notre peau : plus bio-ionique que l’Homme qui valait 3 milliards ! A chacun de ces mini récepteurs est affectée une tâche particulière : répondre à la chaleur, au froid, à la pression ou à la douleur. Certains sont même utilisés uniquement comme système d’urgence vitale, une sorte de Centre 15 cutané ! Entourés de tissu conjonctif, ils sont au plus profond de la peau (hypoderme) à la fois sensibles au froid, au chaud, à la pression et à la douleur.

C’est pourtant grâce au réseau serré de terminaisons nerveuses qui quadrillent l’extérieur de notre peau (épiderme) que nous transformerons les informations recueillies par les récepteurs sensoriels en influx nerveux électriques... et que le réflexe de retirer la main d’une source de chaleur nous évitera par exemple la brûlure du four ou de la bougie.

Si le toucher n’était qu’un sens de survie, on ne lui en voudrait déjà pas. Mais il se trouve que, beaucoup plus mystérieusement, c’est aussi un levier puissant de sensualité. Un gros câlin sans le toucher, forcément, c’est beaucoup moins bien !

Nez à Nez

Comment notre sens de l'odorat nous permet-il de reconnaître et de mémoriser 10.000 odeurs différentes? Il aura finalement fallu attendre 1991 et le prix Nobel de Médecine décerné à Richard Axel et Linda Buck pour savoir comment notre système nerveux parvient à différencier tant de parfums et de saveurs.
L’odorat est ce que l’on pourrait appeler un sens subtil : sur lui, notre volonté n’a aucune prise. C’est le seul organe des sens à être directement relié au cerveau. Avant d’atteindre celui-ci, les 4 autres sens passent totalement (ouïe, vue, goût) ou en partie (toucher) par le tronc cérébral.
Les chercheurs ont comptabilisé jusqu’à un millier de récepteurs olfactifs de types différents, encodés par autant de gènes. À elle seule, cette famille représente 3% de notre code génétique !

Les narines sont tapissées d’une muqueuse très fine, constituée d’une mosaïque de 50 millions de cellules nerveuses qui piègent véritablement les odeurs.
Pour beaucoup, l’odorat est peut-être le sens le plus affectif. Il est vrai que chaque odeur, chaque parfum en lien avec des événements vécus reste gravé dans notre mémoire. Au plus loin que l’on remonte, l’odorat participe de notre construction ; Le nouveau-né a immédiatement le réflexe de « fouissement ». Il va quasiment, dès sa venue au monde, aller chercher le sein de sa mère, guidé par l’odeur des sécrétions lactées. Dès l’âge de 6 jours, il saura d’ailleurs distinguer l’odeur du lait de sa mère d’un autre lait !

Certaines personnes perdent totalement le sens de l’odorat (on parle d’anosmie) le plus souvent à la suite de sinusites, de rhumes, mais aussi de consommation de psychotropes ou de tabac. Non seulement elles vivent un enfer de vie sans repères (pas d’odeur de café le matin, pas de goût aux aliments...), mais elles risquent deux fois plus que les autres d’être victimes d’un accident domestique (pas d’odeurs de gaz ou de brûlé repérées !). Seule consolation: l’épreuve du métro ou des pots d’échappement dans les embouteillages est plus facile quand, à vue de nez, il est 18h00...

/>
/>