C’est cette dépendance psychologique, plus forte encore que la dépendance au produit lui-même, qui rend parfois si délicate les tentatives d’arrêt. L’arsenal thérapeutique mis aujourd’hui à notre disposition est impressionnant et les médecins qui avaient été si discrets des années durant, sont désormais résolument engagés dans l’éradication du tabagisme.

Médecin – patient, le calumet de la paix

Tout le monde – ou presque – a compris qu’arrêter de fumer était une décision importante, entraînant parfois un changement profond de mode de vie. Un « vrai » fumeur est un individu dont chaque instant de l’existence est rythmé, souligné, accompagné par la cigarette. Accro à la nicotine, il l’est aussi au geste, au symbole que lui apporte la cigarette et qu’il serait ridicule de nier ou de minimiser.

S’engager dans une démarche d’arrêt du tabac avec son médecin permet d’abord de prendre en compte le plus possible de paramètres physiques et psychologiques pour se donner plus de chances de réussite (très peu de fumeurs sortent vainqueurs d’un combat solitaire). Cette collaboration médecin – patient facilite ainsi le choix d’une méthode thérapeutique et des outils qui viendront la servir. N’oublions pas qu’elle conditionne le remboursement de 50€ par la Sécurité sociale. Et il ne faut négliger aucune piste de motivation !

Chicha, la pipe pire

C’est plutôt branchouille et, curieusement, c’est la lutte contre le tabagisme qui en a favorisé un temps l’usage. Fumer une chicha (narguilé ou pipe à eau, en plus chic) a longtemps eu la réputation d’être moins nocif que fumer une cigarette, sans doute parce que le goût et l’odeur dégagés en sont plus agréables et qu’il n’y a pas trace de tabac. Patatras. Une étude récente du LNE (laboratoire officiel des Douanes françaises) vient de révéler que le narguilé, c’est pire que pire… La fumée d’une seule chicha délivrerait autant de monoxyde de carbone que 52 cigarettes et autant de goudron que 102 cigarettes. Dans le style écolo, on fait effectivement mieux…

Les racines à Nicot

Si l’alcool peut être considéré comme un élément important de notre culture (mais également, hélas, comme une catastrophe sanitaire…), il n’en va pas de même pour le tabac. « L’herbe à Nicot », connue et consommée depuis le XVIe siècle n’a véritablement pris un essor massif en France qu’après la deuxième guerre mondiale, sous la forme de cigarettes. Après la libération, l’image de l’homme est associée au militaire dont l’uniforme intègre quasiment la cigarette. Les femmes fatales font leur apparition à l’écran. La gestuelle de la séduction se nourrit de la fumée de leur cigarette. Plus tard, la génération soixante-huit imposera le tabac comme l’affirmation du féminisme face au machisme encore triomphant. Lointaine époque ? En tout cas, la cigarette n’apparaît plus comme un enjeu de pouvoir dans la guerre des sexes !