Ethique en stock

Le législateur ne pouvait pas rester en dehors de ces débats et le code génétique individuel se heurte parfois frontalement désormais au code civil commun. La loi sur la bioéthique constitue une particularité marquante de notre arsenal législatif. Elle est, si l’on ose dire, programmée pour être révisée quasiment en temps réel, au rythme du progrès de la science dont les répercussions sur les règles du jeu collectives sont de plus en plus évidentes.

Un exemple ? Les tests de paternité dont la commercialisation est largement banalisée sur Internet et qui, sous des prétextes de pragmatisme et de justice (suis-je vraiment le père de mon enfant ?) jettent en pleine lumière des conflits sociétaux et personnels gravissimes. Quel père pourra être un homme qui a demandé à vérifier qu’il était réellement le géniteur de l’enfant à naître… ou, selon la réponse, à ne pas naître ?

La pilule contraceptive et l’IVG du siècle passé passent déjà pour de la roupie de sansonnet éthique face aux enjeux qui s’affirment désormais. Dans le milieu scientifique, il y a consensus pour admettre qu’il sera très prochainement possible de dessiner la carte génétique complète d’un embryon d’une ou deux semaines. Outre la détermination du sexe et des maladies génétiques graves - presque du train-train – on repèrera avec certitude d’autres caractéristiques comme la couleur des yeux et des cheveux, la taille probable à l’âge adulte, le degré de sensibilité à telle ou telle maladie repérée dans la famille de la mère et du père.

Ethique en toc

Le résultat d’une telle offre de choix scientifique vers l’enfant parfait porte un nom, quelles que soient les motivations humanistes dont on l’habille, c’est l’eugénisme.

Claude Allègre, dans son dernier livre (La science est le défi du XXIe siècle) se montre plus convainquant sur le sujet que sur celui du réchauffement climatique.  Il envisage le cas de figure parfaitement plausible dans lequel on réalise in vitro dix fécondations d’ovules d’une femme avec dix spermatozoïdes d’un homme. Les embryons commencent à se développer et on entreprend sur chacun une analyse génétique. L’un aura peut-être les yeux bleus, un autre marron. Un troisième pourra être brun aux yeux bleus mais sera porteur d’un gène prédisposant à la maladie de Parkinson. Sur simple décision du couple, on pourra choisir l’enfant « parfait », correspondant aux attentes précises des parents, quitte à risquer un procès si le résultat devait ne pas être conforme à la commande…

Les plus pessimistes (les plus réalistes ?) envisagent une société au choix permanent. Imaginons d’ajouter la technique de sélection par la génétique aux CV des candidats à un poste dans une entreprise et notre univers deviendra invivable.

« Il restera toujours l’amour », direz-vous, incorrigible romantique… Même pas. Vous ne trouverez le partenaire idéal sur meetic.fr qu’à condition de joindre votre code ADN à votre photo.

Et si on cultivait notre gène de la révolte ?

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