Tout de suite ou maintenant ?

Comme rien n’est simple et que tout se complique, les effets de la pollution atmosphérique se répartissent en deux groupes, celui des effets à court terme et celui – vous l’aviez deviné ! – des effets à long terme.

D’un côté, des manifestations cliniques, fonctionnelles ou biologiques aiguës, survenant dans des délais brefs (de quelques heures à quelques semaines) après exposition ; de l’autre, le développement de processus au long cours pouvant amener à la maladie, voire au décès.

La pollution atmosphérique peut être à l’origine de la survenue de symptômes respiratoires (toux, hypersécrétion nasale, expectoration chronique, essoufflement). Le tristement célèbre ozone, est aussi un facteur majorant le nombre de crises d’asthme et d’allergies.
Mais, les effets de la pollution atmosphérique ne se limitent pas aux pathologies respiratoires. Celle-ci peut également participer à la genèse de pathologies cardio-vasculaires (infarctus du myocarde, angine de poitrine ou troubles du rythme cardiaque) et d’irritations nasales, des yeux et de la gorge.

Péril en la demeure

On croit être à l’abri dans son petit Sam’Suffit douillet, home sweet home, et c’est tout le contraire qui se produit. Si l’on respirait mal dehors, on étouffe dedans. L’Académie Nationale de Médecine le rappelait encore récemment dans une communication publique : « En termes de risques, l’exposition domestique cumule les polluants de l’air extérieur et ceux propres à l’habitat en nombre élevé et dangerosité variable, pour une durée d’exposition représentant 80% du temps [NDLR : le temps que l’on passe chez soi] ». Comme souvent, avec les alertes sanitaires, on reste sur sa faim : « Les études épidémiologiques sont encore trop rares pour dresser un bilan sanitaire, à l’exception des allergènes, de la fumée de tabac, du radon et de l’amiante ». Les allergènes qu’on croyait réservés aux rhinites printanières, le tabagisme qu’on pensait relégué sur le trottoir, le radon dont tout le monde ignore l’existence et l’amiante, prétendument confinée dans les vieux bâtiments publics et les usines de grand papa… Excusez du peu !

Le nombre et la variété des polluants d’origine intérieure sont très supérieurs à ceux que l’on contrôle dans l’air extérieur ; ils sont d’autant plus difficiles à dénombrer qu’en dehors de ceux déjà connus  - résultant par exemple de la cuisson des aliments, ou d’un chauffage d’appoint souvent mal contrôlé- on assiste à l’utilisation intensive d’une floraison de produits de nettoyage à usage domestique voire  même de pesticides.

Entre le formaldéhyde que l’on trouve aussi bien dans le bois que dans les plastiques, le benzène et ses homologues supérieurs nichés dans les colles, les nettoyants ou la peinture qu’on vient d’utiliser pour la chambre de bébé, les éthers de glycol généreusement répandus par les produits pour vitre, le liquide vaisselle… on risque autant le gros coup de déprime que l’allergie sévère !

Des acariens par millions

Ah, les allergies ! 30% d’entre nous en souffrent déjà et les prévisions s’avèrent plutôt pessimistes pour les prochaines années puisque ce taux pourrait monter à 50%. 

Si l’actualité médiatique des allergies respiratoires s’éveille plutôt au printemps, l’hiver est pourtant une saison particulièrement propice à leur floraison et le home sweet home le lieu privilégié de leur éclosion.

A la somme des polluants dont le nom seul suffit à nous terroriser, il faut ajouter une petite bestiole familière de notre poussière domestique, l’acarien. Avec ses armées de congénères, il colonise littéralement nos matelas et nos moquettes et cause quotidiennement des centaines de milliers de crise d’asthme et de rhinites d’origine allergique.

L’acarien de base serait-il un mutant dont la reproduction s’accélèrerait au rythme de notre vie citadine ? Les spécialistes opposent au moins à cette question un non catégorique et rassurant. En revanche, ils signalent quelques effets pervers de notre grand combat pour les économies d’énergie. Aujourd’hui, l’amélioration de l’isolation des bâtiments conduit parfois à un état de confinement plus profitable à la santé de nos portemonnaies qu’à celle de nos poumons.