Pourtant, lorsque les médicaments à base de benzodiazépines sont apparus dans les années soixante-dix, tout le monde, ou presque, reconnaissait que l’arrivée de ces molécules constituait une avancée déterminante. Les substances qu’elles permettaient de remplacer entraînaient d’ailleurs un syndrome de dépendance autrement plus sévère et des effets secondaires largement plus importants !

Aujourd’hui vilipendées, les fameuses molécules représentent toujours le traitement le plus efficace et le plus ciblé d’une série de pathologies. De là à être considérées comme la panacée, il y a évidemment un pas que l’on a peut-être eu tendance à franchir avec trop de légèreté.

Résultat, les traitements à base de benzodiazépines sont parfaitement adaptés pour passer le cap difficile d’un traumatisme fort ou pour effacer un trouble du sommeil passager (suite par exemple à un décalage horaire violent). En revanche, administré trop longtemps ou pour soigner un état de mal-être à répétition (voire chronique), ce médicament peut s’avérer dangereux, provoquer des problèmes de somnolence, mais aussi de dépendance.

Petites pilules, jolies gélules

Les petites pilules, les jolies gélules, ne sont ni anodines ni miraculeuses. Mal utilisées, elles sont, au pire dangereuses (8,5% des conducteurs dont la responsabilité est impliqués dans un accident corporel seraient positifs aux benzodiazépines) et au mieux… inefficaces. Un somnifère produit ainsi un effet démontré la première semaine, mais se placera à égalité avec un placebo (sans substance active) la deuxième semaine. Et en cas d’accoutumance au somnifère (moins de 10 jours suffisent souvent pour les benzodiazépines), c’est la sensation de manque qui empêchera de dormir !

Est-ce vraiment une totale bonne nouvelle ? En tout cas, nous disposons aujourd’hui d’un traitement pharmacologique pour des troubles qui puisent leur origine dans un dysfonctionnement social : solitude, tensions familiales et professionnelles, difficultés relationnelles, etc.

Le médicament permet de désamorcer les situations de crise. C’est déjà énorme ! Au-delà, l’amélioration de la qualité de vie ne passe pas – ou pas seulement – par des substances vendues sur ordonnance. Un constat qui ne doit pas être une cause d’angoisse et d’insomnies supplémentaires !

Sur le podium de la conso

Les médicaments aussi ont leur classement. Récemment désigné par l’Assurance Maladie, voici le dernier podium en date :

  • Les antalgiques (anti-douleur) sont toujours la famille la plus prescrite, avec 340 millions de boîtes par an. En 12 mois,  leur progression a même été particulièrement forte (+9,2%).
  • Les hypnotiques et anxiolytiques, dont les prescriptions inappropriées sont souvent dans le collimateur, enregistrent pour leur part un net ralentissement (-0,4%, 122 millions de boîtes remboursées).
  • Les antibiotiques, en troisième position avec 90 millions de boîtes, poursuivent une baisse entamée en 2002, grâce à l’implication des médecins et une forte sensibilisation de leurs patients.