Facile à comprendre : chez moi, pas d’interdit, pas de contrôle, pas de compte à rendre... Si je veux laisser traîner mon verre et les cacahuètes sur la table basse du salon, c’est mon droit. Ni police, ni contrôle, ni Dieu ni Maître !

Evidemment, il ne faudrait pas que ce petit monstre, apprenti bipède et prénommé Lucas s’amuse à me le faire regretter. Et s’il me prend l’envie légitime de passer un coup de fil à ma copine, à ma mère ou à la superette du coin, il serait dommage que je laisse ma petite Aurore apprendre à nager seule dans la baignoire. A 6 mois, il est rare que ça se passe en douceur…

Pas d’interdit, pas de contrôle, mais, forcément un peu de bon sens. Si cette « petite » condition était remplie, on verrait sans doute descendre à la vitesse grand V le compteur des malheurs majuscules.

Toujours plus facile à dire qu’à faire…

On les connaît, tous ces conseilleurs, parangons de vertu, qui nous serinent les recettes du bien manger, du bien bouger et nous font miroiter les paradis de la vie saine, pure, joyeuse et sans souci. Mais en matière « d’accidents de la vie courante », le grand responsable de l’accident… c’est la vie courante. C'est-à-dire l’accumulation de moments où l’attention se relâche, où la vigilance se met en berne pour la bonne, l’excellente, l’implacable raison que, dans une situation exactement similaire à celle de la veille, de l’avant-veille ou du jour précédent, on ne voit pas pourquoi un drame se produirait justement aujourd’hui.

Parce qu’un enfant n’avait encore jamais mis les doigts dans une prise de courant, on imagine qu’il ne le fera pas, ou qu’il ne grimpera pas sur le tabouret près de la fenêtre, ou qu’il n’ouvrira pas le placard à produits ménagers, ou l’armoire à pharmacie.

Ce qui est terrible c’est que, chaque année, 500 enfants ne recommenceront pas la même bêtise et que leurs parents ne se pardonneront jamais « la vie courante » d’avant…

Tiens, les enfants grandissent…

Comme l’éducation au sens large, l’éducation au risque n’est pas un long fleuve tranquille et, en l’occurrence, la sanction peut être cruelle et immédiate.

La période la plus mobilisatrice pour les parents est bien sûr celle où l’enfant n’est pas encore en âge d’avoir véritablement conscience des interdits et du danger : grossièrement, entre 8 et 18 mois.

Au-delà de cette tranche d’âge critique - si la surveillance reste nécessaire - c’est l’explication, l’information, la relation qui construiront la responsabilisation, véritable ciment préventif.

Gardons-nous bien de céder aux sirènes de la surprotection car les familles couveuses sont loin d’éloigner le danger. Au contraire, c’est même en leur sein que surviennent la majorité des accidents.

Que ce chapitre, légitimement consacré à nos enfants, ne nous fasse pas oublier la réalité des chiffres : les accidents de la vie courante font beaucoup plus de victimes chez les adultes que chez les enfants. On peut même dire que ça ne s’arrange pas avec l’âge puisque les plus de 75 ans représentent aujourd’hui les deux tiers des décès par accident domestique.

Dangereux d’être jeune, risqué d’être vieux… la fenêtre de tir n’est pas bien large !

Plus dure sera la chute

La chute est l’ennemie jurée des plus de 65 ans. Selon une étude parue dans le Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire (BEH) de l’Institut de Veille Sanitaire (INVS), 84% des chutes ont concerné la population senior. A la clé, traumatismes crâniens plus ou moins graves et, classique parmi les classiques, la fracture du col du fémur si souvent annonciatrice de l’entrée dans la dépendance.

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