A petites causes, grands effets

L’allergie est un état d’hypersensibilité face à des substances pourtant inoffensives. Nous allons mobiliser, pour combattre ces substances, des moyens totalement disproportionnés. On n’est même plus au niveau du marteau-piqueur pour écraser une mouche mais à celui de la bombe atomique ! Question dégâts collatéraux, on est servi. Si cette réaction excessive était exceptionnelle, on se ferait à l’idée. Mais elle va se reproduire systématiquement (et même avec davantage de violence encore) à chaque fois que notre organisme se trouvera placé dans la même situation de pseudo-agression ! La réaction de défense devient pathologique.

Le Docteur Folamour aurait-il pris le pouvoir sur notre raison immunitaire ? Les plus optimistes objectent que la manifestation allergique serait plutôt le signe que notre organisme se défend habituellement bien mais qu’il s’attaque en l’occurrence à un ennemi imaginaire. Immuno-Don Quichotte contre molécules-moulins à vent…

L’allergie est un mécanisme à deux temps. Lors de la première exposition, l’allergène, identifié à tort par l’organisme comme un adversaire (acarien, pollen, aliment, etc.) va déclencher une production d’anticorps particuliers répondant au joli nom d’Immoglobulines E (IgE). Ces IgE vont alors se fixer sur des cellules présentes dans les tissus et le sang. En cas de nouveau contact, l’allergène rencontrera les cellules porteuses des anticorps et, en se rappelant à leur bon souvenir, provoquera la libération de facteurs inflammatoires comme l’histamine.

C’est cette réaction inflammatoire qui entraîne – dans les 20 ou 30 minutes suivant le contact -  les troubles caractéristiques de l’allergie dite « immédiate » : écoulement nasal, picotements, éternuements, larmoiement, etc.

En deux temps, trois mouvements

L’allergie « retardée » ne fait, quant à elle, pas intervenir d’anticorps. Elle correspond à la dermite ou « eczéma de contact ». Là encore, on assiste à un mécanisme en deux temps. Lors d’un premier contact, l’allergène traverse la peau et se fixe sur des cellules (appelées « cellules de Lagerhans »). Celles-ci accompagnent très aimablement l’allergène vers les ganglions lymphatiques où elles le présentent à d’autres cellules (appelées « lymphocytes »). C’est ici que l’organisme décidera du sort à donner à l’adversaire. Si la mobilisation est déclarée, la guerre éclatera en cas de nouveau contact et les lymphocytes afflueront vers la zone de combat allergique en y créant d’importantes lésions, généralement visibles entre 48 et 72 heures.

Immédiate ou retardée, l’allergie fait en tout cas de plus en plus de victimes. Cette année, on en comptera probablement entre 18 et 19 millions. Dans les 15 ans à venir, ce chiffre déjà impressionnant est appelé à exploser. Ca va moucher, ça va gratouiller, ça va chatouiller !

Si, ce n’est toi…

L'hérédité joue un rôle important dans l’allergie. Si l'un des parents est allergique, les enfants ont environ 40% de risques de le devenir également. Avec deux parents allergiques, le pourcentage monte à 80 %.